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— et faire tranquillement comme tout ce qu’il fait — un tableau de Jeanne d’Arc, sous les murs d’Orléans, le soir de la bataille. Et il va me chercher un petit modèle en cire de sa Jeanne équestre : une Jeanne d’Arc nue, sur un cheval qu’il s’est efforcé de représenter le plus moyenâgeux qu’il est possible, et dans des proportions tout à fait mathématiques. Et son intention est de peindre sa Jeanne d’Arc au bord de la Loire, sur un cheval blanc, éclairée par le soleil couchant : une Jeanne d’Arc ayant le caractère d’un bas-relief. Aussi a-t-il fait pour ce tableau, nombre de chevaux blancs dans le soleil.

Dimanche 26 mai. — Un jour, où je me trouve avoir soixante-treize ans.

J’ai la visite, ce matin, de deux Allemandes, les demoiselles Hirschner, dont l’une est peintre, et l’autre femme de lettres, et qui aurait, sous le pseudonyme d’Osipp Schubin, combattu en Allemagne pour ma gloire. Ces deux femmes m’étonnent par la connaissance qu’elles ont de : Manette Salomon et de : la Maison d’un artiste.

La femme de lettres me dit avoir donné : la Maison d’un artiste au petit-fils de Schiller, qui est peintre, et qui, pris de passion pour le livre, s’en est fait le propagateur près de tous les artistes allemands ; la peintresse, elle, me conte qu’à l’arrivée de l’exemplaire, s’étant jetée dessus, sa mère avait retiré