Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/354

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vie et d’entrain, et, par ma foi, engraissé. Il conte les écrasements qu’il a subis : ces conversations où l’on est placé entre deux personnes, qui se renouvellent toutes les cinq minutes : des conversations qui durent deux ou trois heures.

Puis il saute à Stanley, qui a sa photographie sur son bureau, et où la largeur de la mâchoire dépasse la largeur du haut du crâne. Parlant du voyageur, avec une espèce de respect émotionné, il m’apprend qu’il a eu avec lui une conversation sur les idées religieuses, où Stanley lui avait avoué qu’il ne subsistait en lui, que sa prière d’enfant. Et alors cet homme, qui parle très mal le français, en sorte qu’il parle anglais, quand il s’anime, avait été de la plus grande éloquence, disant que cette prière lui revenait aux lèvres, toutes les fois qu’il avait vu un danger sur la mer, sur la terre, dans le ciel.

Puis il est question d’Oscar Wilde, qui dans les derniers temps de sa liberté, était dans l’impossibilité de coucher à Londres. Retourné à son hôtel habituel, le propriétaire arrivait lui dire, que le marquis Queensbury était en bas avec des boxeurs, que cela allait amener du scandale, et qu’il fallait partir. Il se rendait dans un autre hôtel, grimé, travesti, mais une heure ne s’était pas écoulée, que le maître d’hôtel l’interpellant par son nom, lui jetait : « Vous êtes M. Oscar Wilde, je vous prie de sortir ! » Il allait encore frapper à la porte d’un autre hôtel, dont la patronne refusait de le recevoir, en dépit de l’offre de 300 francs. Enfin il se décidait à se rendre chez