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de Mme Bentzon, de la Revue des Deux Mondes, de ses voyages en Afrique, de son voyage en Sibérie et dans le nord de la Chine, qui a duré un an ; et sa conversation est des plus intéressantes.

Dans un voyage en Asie, il a fait la découverte et l’achat d’une soixantaine de manuscrits, parmi lesquels, il y a une « Vie d’Alexandre » non plus écrite cette fois, par ceux que, selon son expression, il avait derrière lui, mais par ceux, qu’il avait devant lui, par ses ennemis. Parmi ces manuscrits se trouvent encore trois biographies de Tamerlan, qui tout en faisant, un jour, massacrer cent mille hommes, se fit enterrer aux pieds de son maître de philosophie.

Et le voyageur parle de ces populations de Samarcande, de ces populations calomniées par les Persans, de ces populations lettrées, amoureuses de discussions littéraires, et où il a vu un individu soudainement poser une fiche en terre, portant l’annonce d’une thèse philosophique qu’il allait soutenir, et les passants et les vendeurs du marché, abandonnant leurs choses à vendre, pour se mêler à la discussion. Il parle encore de son séjour, près d’un mois, sur les hauts plateaux, où dans ces altitudes, près desquelles le Mont-Blanc est une plaisanterie, il avait des saignements de nez, comme en ont eu Biot et Gay-Lussac, dans leurs ascensions en ballon.

Puis revenant à ces quatre années, passées en Afrique — où il n’y a pas cependant l’intérêt historique des voyages d’Asie — il dit que le voyage n’a