Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/84

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nuit. Et aussitôt, que ma tante m’eut embrassé, son premier mot à sa femme de chambre, était : « Donne-moi un mouchoir. » Et je m’apercevais, qu’elle lui tendait le mouchoir de la nuit, plein de sang, et que ces maigres mains cherchaient à cacher.

Et, je la revois encore, avant son départ pour Rome, dans un appartement de la rue Tronchet, comme perdue, comme un peu effacée, dans le brouillard d’émanations de plantes médicinales.

À Rome, le récit de la vie de Mme Gervaisais, de la vie de ma tante, en notre roman mystique, est de la pure et authentique histoire. Il n’y a absolument que deux tricheries à l’endroit de la vérité, dans tout le livre. L’enfant tendre, à l’intelligence paresseuse, que j’ai peint sous le nom de Pierre-Charles, était mort d’une méningite, avant le départ de sa mère pour l’Italie, et sur ce pauvre et intéressant enfant, présentant un sujet neuf, sous la plume d’un romancier, j’ai fait peser le brisement de cœur et les souffrances morales de son frère cadet, pendant la folie religieuse de sa mère. Enfin ma tante n’est pas morte, en entrant dans la salle d’audience du pape, mais en s’habillant, pour aller à cette audience.

Jeudi 1er septembre. — Aujourd’hui, à l’Exposition des Arts de la femme, je suis resté en faction devant la vitrine des bourdaloues. Oh ! les coquets et les galantins réceptacles du pipi de nos grandes dames du