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Dans la salle, aux deux avant-scènes des espèces d’immenses clysopompes, au fond desquels brûlent des sortes de bols de punch, devant une grande plaque métallique, et dans la loge du fond des premières, une chambre noire. C’est la mise en train de la cuisine pour prendre avec le magnésium des photographies des principales scènes de la pièce. Et à la fin de chaque acte, c’est aux mots : « un, deux, trois », un flamboiement à vous rendre aveugle, et où apparaissent les canailles de ma pièce, dans une apothéose paradisiaque. Comme public, rien qu’un monde de couturiers et de photographes.

À la fin du cinquième acte, après le grand brouhaha du concert, le passage sur la scène de la femme Demailly, venant jeter devant son mari, son cri d’épouvante, ou son cynique : « un ivrogne », c’était froid, froid. Et il se trouve que c’est Havet, le marchand de billets, qui donne le dénouement. Demailly tombe mort ou mourant, pendant que sa femme continue à danser. Ma foi, vraiment on ne peut rien trouver de plus férocement antithétique.

Dimanche 18 décembre. — Répétition générale. Une salle pleine comme à une première.

Le public à la fois amusé par l’esprit et intéressé par le dramatique de la chose. Mme Daudet se plaint d’avoir l’estomac retourné.

Un seul moment de réprobation au milieu du