Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/130

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invalide cul-de-jatte que les deux hommes déposaient sur la banquette. Et aussitôt entouré de tasses, de verres, et imbibé de café et de liqueurs et de bière, le glorieux tronc tout guilleret, tout branlant sur ses assises de poussah, racontait ses campagnes à la femme qui était venue s’asseoir à côté de lui.

Les deux garçons, aux longues moustaches noires, couraient de tous côtés. Les consommations s’accumulaient sur le marbre des tables. La parole devenait bruyante ; sur les voix de l’infanterie s’élevaient les voix impérieuses et sonores de la cavalerie. D’un bout de la salle à l’autre, se croisaient dans l’air, par instants, des injures de femmes. Sous les crânes tondus, des ivresses batailleuses montaient aux rouges faces. Il y avait de nerveux remuements d’armes, et le tumulte de la salle grondait comme un bruit de colère.

De l’escalier menant à l’étage supérieur descendait quelquefois, avec le grincement de