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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/138

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sa classe. Ce qui, sous le nom de la fille crottée, excite parfois le vice d’un monsieur, fait horreur au vice de la plèbe. Aussi, en dehors des échappées de la colère ou de l’ivresse, les femmes jouent là, tout le temps, auprès de ces hommes rudes et mal embouchés, la douceur du geste, la caresse de la voix, le « comme il faut » de la personne. Leur bouche n’a pas de gros mots, leur impudeur naturelle vise à n’être pas cynique. Il y a, chez elles, un travail pour représenter, selon leurs moyens, autant qu’elles le peuvent, un certain « bon genre ». Et il arrive ceci qui mérite d’être médité : dans les maisons de la haute prostitution, les filles trouvent le succès dans l’affectation du genre canaille, tandis que dans les maisons de la basse prostitution, c’est l’affectation du genre distingué qui fait l’empoignement des hommes venant s’asseoir dans la salle basse.