Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/146

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mois par la police et retirée par un père complaisant, tantôt du dépôt où elle corrompait les petits garçons, tantôt de Saint-Lazare après une guérison plâtrée, Mélie était de la race perverse de ces fillasses de Paris qui sèchent de n’être point assermentées, et qui, détestant les jours qui les séparent de l’accomplissement de leur seizième année, se fabriquent, ainsi que d’autres se font de faux titres d’honneur, se fabriquent, dans une infâme gloriole, de fausses cartes de filles. La seconde jeunesse de Mélie s’était passée à Vincennes.

Une longue créature blondasse, larveuse, fluente, qui se terminait par une toute petite tête en boule. Le cheveu rare, les yeux bleu de faïence entre des paupières humoreuses, un petit nez en as de pique pareil au suçoir que les ivoiriers japonais donnent à la pieuvre, de gros bras martelés de rougeurs avec, au bout des mains, des doigts plats et carrés : telle était Mélie dite la Chenille, dont