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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/204

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des occupations, dans l’interrogation des regards mêlés, dans le coudoiement des corps par les ateliers étroits, dans cette communauté côte à côte de toute la journée, dans ce qui fait naître enfin et produit et développe partout ailleurs la parole ? Ne jamais parler ! elle y tâchait. Mais elle était femme, un être dont les sentiments, les sensations, l’impressionnabilité d’enfant, bon gré, mal gré, jaillissent au dehors, en une loquacité gazouillante, un verbe diffus, des paroles, beaucoup de paroles. Ne jamais parler ! ne jamais parler ! mais les ordres religieux de femmes qui ont fait le vœu du silence n’ont, en aucun temps, pu s’y astreindre rigoureusement. Ne jamais parler ! mais elle, elle avait encore à triompher de ces petites colères folles, particulières aux femmes de sa classe, et qui ont besoin de se répandre, de se résoudre dans du bruit, dans de la sonorité criarde. Ne jamais parler !... on la voyait perpétuellement, les lèvres remuantes, comme