Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/210

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XLII

Être vivante et redouter d’être pour les autres ainsi que la mémoire d’une personne morte, se voir abandonnée de ceux qui ont été vos parents, vos amis, vos connaissances, douter si une pensée affectueuse vous plaint, ne se sentir plus rattachée ici-bas par l’émotion lointaine d’un souvenir, porter sa peine toute seule sans l’écho d’un mot compatissant, enfin ne pas toucher de près ou de loin à cette pitié ambiante dont le réconfort dans les peines inconsolables aide le moral humain à souffrir et à continuer de vivre en souffrant : tel était le sort d’Élisa qui depuis deux années n’avait point été demandée une seule fois au