Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/22

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vieux juge, demande à la condamnée ce qu’elle peut avoir à dire sur la peine. La condamnée s’est rassise. Dans sa bouche desséchée sa langue cherche de la salive qui n’y est plus, pendant qu’un larmoiement intérieur lui fait la narine humide. Elle est toujours remuante, avec toujours les mains derrière le dos, et sans avoir l’air de bien comprendre.

Alors la Cour se lève, les têtes des juges se rapprochent, des paroles basses sont échangées, durant quelques secondes, sous des acquiescements de fronts pâles. Puis le président ouvre le Code qu’il a devant lui, lit sourdement :

« Tout condamné à mort aura la tête tranchée. »

Au mot de « tête tranchée » la condamnée, se jetant en avant dans un élancement suprême, et la bouche tumultueuse de paroles qui s’étranglent, se met à pétrir entre des