Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/32

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de mort de l’avortée ; des jours, enfin, où chaque coup de sonnette lui semblait le coup de sonnette « du chien du commissaire ». Ce souvenir obsédant, elle voulait qu’il cessât, au moins pendant quelques heures, d’être toujours là présent et menaçant dans sa mémoire, et elle buvait, et ses noires ivresses finissaient toujours par des violences.

Mais ces coups encore, Élisa les préférait aux nuits passées avec sa mère ! Alors que la pauvre maison avait toutes ses chambres prises par les pensionnaires, la sage-femme, chassée de son lit, partageait celui de son enfant. Des cauchemars, des sursauts d’effroi, des cris de terreur, le dramatique et haletant somnambulisme du Remords dans une nature apoplectique, tenaient, jusqu’à l’aube, la fillette éveillée avec le frissonnant récit, par cette bouche qui dormait, de détails d’agonie inoubliables et de suprêmes paroles de jeunes mourantes. Des nuits, au bout desquelles, à moitié étouffée par l’étreinte de ce gros corps