Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/61

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les épaules couvertes du fichu jaune affectionné par la fille soumise de la province. Chez ces femmes aucune coquetterie, nul effort pour plaire, rien de cet instinct féminin, désireux, même chez la prostituée, d’impressionner, de provoquer une préférence, de faire naître un caprice, de mettre enfin l’apparence et l’excuse de l’amour dans la vénalité de l’amour ; seulement une amabilité banale, où l’humilité du métier se confondait avec la domesticité d’autrefois, et qui avait à la bouche, pour l’homme pressé entre les bras, le mot « Monsieur » dans un tutoiement. Ni atmosphère de volupté, ni effluves amoureux autour de ces corps balourds, de ces gestes patauds. La ruée des femelles dans le salon, où elles se poussaient en se bousculant, montrait quelque chose de l’animalité inquiète et effarée d’un troupeau, et elles se hâtaient, le choix de l’une fait, de se rassembler, de se parquer en quelque coin reculé de la maison, loin de la compagnie