Aller au contenu

Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui ne veut pas mourir. Le fils de la maison n’avait plus que quelques semaines à vivre, et chaque crise, qui l’approchait du terme, amenait une épouvantable scène où, dans la terreur de la mort, de sa bouche impitoyable, il injuriait sa mère, l’appelant de noms infâmes qu’on entendait de la rue, l’accusant de sa fin prématurée, criant que Dieu le punissait, lui, du sale métier qu’elle faisait ! Élisa, par l’habitude que son enfance avait eue de soigner les femmes en couche, devenait naturellement la garde-malade de ce garçonnet. Les jours où il ne voulait supporter la présence ni de son père ni de sa mère, elle le soignait, elle le veillait, et au milieu de la disposition chagrine de son esprit et du douloureux de sa tâche, elle cherchait une distraction dans la lecture des livres, des romans qui traînaient sur le lit du jeune homme, et qu’il lisait comme un malade, en allant de l’un à l’autre, dans les entractes de la souffrance.