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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/105

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chaufferaient ; vainement, dans les endroits où la troupe donnait des représentations, son mari tâchait de l’emmener chez l’officier de santé, elle se refusait à tout avec une irritation sourdement grondante, continuant à prendre part aux fatigues de tous, plus pâle avec des yeux plus grands.

Un jour cependant elle n’eut pas la force de rester à sa petite table du tréteau et de faire la recette jusqu’à la fin. Un autre jour elle ne se leva pas, promettant qu’elle se lèverait le lendemain. Et elle ne se leva pas plus le lendemain que les jours qui suivirent. Le mari voulut alors s’arrêter dans une auberge, la faire soigner, mais la femme s’y opposa avec un non impérieux de la tête, pendant que l’ongle de son pouce traçait sur le fond de la voiture, en face de la place où elle avait la tête posée sur l’oreiller, un grand carré : le dessin d’une lucarne.

Depuis ce temps, les yeux de la malade, couchée et voyageante dans son lit, s’amu-