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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/129

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saltimbanquerie, il arrivait un événement très préjudiciable au prestige de l’amphithéâtre Bescapé, et aux profits de la caisse. Un des plus clairs revenus des saltimbanques, surtout en ces derniers temps, on le devait à l’Hercule. Quand le lutteur de la baraque arrivait dans un bourg, dans un village, très souvent l’homme fort de l’endroit se sentait pris de la tentation de se mesurer avec l’athlète. Alors, dans ce cas, un pari à qui tomberait l’autre s’ouvrait entre le cirque et l’homme fort, qui était presque toujours un meunier : un pari de 100, 200, souvent 300 francs, dont l’argent était fourni du côté de l’adversaire de l’Hercule, quelquefois par l’adversaire tout seul, quelquefois par une cotisation de compatriotes dont la vanité locale s’intéressait à sa victoire. Et toujours l’Hercule gagnait, non qu’il fût le plus fort de tous les hommes avec lesquels il avait lutté, mais par l’habitude de la lutte, et par la science qu’il avait de toutes les ressources