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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/136

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dizaine de personnes dans une charrette qu’il soulevait sur le dos. Avec le succès, la charrette avait été remplacée par un breack d’occasion dans une enceinte de vieilles tapisseries déteintes, ramassées dans ce temps, sur les cuves des tanneurs. Puis enfin au breack avait succédé un char antique, un char doré dans lequel il enlevait maintenant son monde. Et le chanceux petit homme, qui s’était marié à une prestidigitatrice, passait pour gagner beaucoup d’argent avec son char et les tours de cartes de sa femme, menant grande vie dans les auberges, dont il mangeait la volaille et buvait les vins cachetés.

Le Recousu racontait à Gianni qu’il était arrivé trop tard dans la journée pour monter sa baraque, se mettait à le plaindre du peu d’espectateurs assistant à la représentation, déplorait le temps ordurier qu’il avait fait tout l’été, se lamentait de ce que la profession était à l’heure présente dans la misère ; jérémiade qu’il coupait tout à coup par cette