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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/197

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pour ainsi dire, à voleter, autour de lui, sur lui, semblant avec les balancements, les effleurements, les passes de son obscure et flottante silhouette, la descente et le tournoiement d’un mauvais rêve, sorti de la Porte d’ébène, au-dessus d’un sommeil humain. Gianni se remuait, s’agitait, se retournait sous l’obsession, et le lutin continuait à le tourmenter, lui mettant son souffle dans le cou, lui chatouillant la figure du crêpe de deuil des petites ailes qu’il portait aux talons et aux coudes, pesant un moment sur le creux de son estomac, du poids léger de son corps soulevé sur ses poignets, dans un accroupissement fantastique : l’image matérielle du Cauchemar.

Gianni se réveillait, promenait ses regards chercheurs à la cantonade, mais déjà le lutin avait disparu derrière une souche d’arbre à laquelle s’appuyait la tête du dormeur.

Gianni se rendormait, et aussitôt réapparaissait, d’un bond assis sur la souche, le lu-