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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/236

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des regards de la rue. Lui-même allait chez un horticulteur du voisinage ramasser, dans le coin d’une fosse de rebut, une admirable collection de ces plantes vivaces aux riantes et grandes fleurs, de ces malheureuses roses trémières aujourd’hui méprisées, mais que l’on retrouve si joliment mariées aux treillages des jardins dans les gouaches du siècle dernier.

Là donc, l’été, l’automne, par les beaux jours bleus, dans ce pavillon, où au travers du toit et des murs passaient, avec des coups de soleil des vols de moineaux, et derrière la colonnade fleurie de mauve, de jaune, de rose, les deux frères jouaient du violon. Mais vraiment, ils causaient plutôt qu’ils ne jouaient avec leurs violons ; et c’était entre eux comme une conversation où deux âmes se parleraient. Toutes les impressions fugitives et diverses et multiples de l’heure et du moment, jetant dans l’intérieur d’une créature humaine ces successions de lu-