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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/24

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feuilles à cette heure avaient l’air d’être en papier noir, jetait un petit effroi, qui n’était pas sans charme, chez les deux peureuses femmes.

Soudainement, la lune se dégageant des arbres, tombait en plein sur l’enfant dormant, qui comme chatouillé par sa blanche clarté, se mettait à remuer la grâce de son corps nu dans des mouvements indolents. Son visage souriait à des choses invisibles et ses doigts ouverts avaient d’ingénus tâtonnements du vide. Puis dans l’éveil du bambin, dans sa mobilité devenant plus rapide, arrivait une souplesse, une élasticité singulière que l’on pouvait croire produites par des os flexibles. On voyait sa petite main prendre son pied rose et le porter à sa bouche comme s’il voulait le téter. Et vraiment, il était charmant et digne du pinceau d’un poète, le tableau de cette petite tête bossuée où s’effilaient de blondes mèches follettes, de ces yeux limpides aux orbites profonds et