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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/328

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sans qu’il vous soit donné le temps de reconnaître, d’interroger le danger.

Nello traversait comme un éclair toute la longueur du tremplin, courant sur des pieds effleurant sans bruit le plancher sonore, — avec devant sa poitrine le sautillement de quelque chose de brillant semblable à une amulette, qui se serait échappée de dessous son maillot. — Il frappait des deux pieds un coup sec sur le bout de la planche élastique et s’élançait, porté, soutenu en l’air, on peut le dire, par la tension de tous ces hauts de corps, de ces cous, de ces visages soulevés vers le haut du tonneau.

Mais que se passait-il dans cette seconde anxieuse où la foule cherchait, voyait déjà le jeune gymnaste sur les épaules de son frère ?… Gianni perdant l’équilibre était précipité d’en haut, pendant que Nello chutant du tonneau, et cognant durement contre l’extrémité du trapèze, roulait à terre, où il se relevait pour retomber de nouveau.

C’était un grand cri étouffé de la salle, au