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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/353

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rain enlevant par le marchepied, à la force de sa mâchoire, un omnibus plein ; un acrobate antique sautant à cloche-pied sur une outre gonflée et graissée ; un éléphant dansant, avec toutes sortes de légèretés aériennes, sur un fil d’archal.

Le gaz baissait encore, les clowns noirs faisaient, un instant, une courte apparition sur leurs stèles.

Et le spectacle recommençait. C’était cette fois dans cette lumière, où les choses n’avaient plus pour ainsi dire de couleur, et où elles miroitaient avec les brillants glaceux et crystallins des figures et des sujets gravés dans les miroirs de Venise, c’était comme un blanc soleil d’artifice de jambes de femmes, de bras d’hommes, de torses d’enfants, de croupes de chevaux, de trompes d’éléphants, un mouvement rotatoire de membres, de muscles, de nerfs d’humains et d’animaux, dont la vitesse toujours croissante, donnait au dormeur une impression de fatigue et de souffrance par tout le corps.