Aller au contenu

Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et la difficulté de ce jeune corps pour se tenir en équilibre sur ses pieds maladroits, et les timidités et les hésitations et les petites peurs qui lui venaient dans le travail pénible et basculant de mettre un pied devant l’autre, ou plutôt de faire un pas avec toujours le pied de la jambe la plus malade en avant.

Mais Nello s’entêtait à marcher quand même, et ses pieds, malgré leur manque d’aplomb, reprenaient un peu leur habitude d’être des pieds, et cette petite victoire amenait la joie dans les yeux du blessé, et le rire dans sa bouche. « À moi, Gianni, je vais tomber ! — s’écriait-il tout à coup en plaisantant, — et quand le grand frère effrayé l’entourait de ses bras, approchant la joue de sa bouche, il embrassait cette joue avec un petit mordillement de jeune chien.

La soirée fut toute rieuse, toute égayée du bavardage joliment jaseur de Nello, qui disait qu’avant quinze jours, il irait jeter ses béquilles dans la Seine, au pont de Neuilly.