Aller au contenu

Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saces flamboyantes et d’où s’échappaient de sonores bouffées de musique.

« Oui, pas encore, voilà des chaises, asseyons-nous un instant. »

C’était un jour de la fin d’octobre, pendant lequel il avait plu toute la journée, et à la fin duquel on ne savait pas bien s’il ne pleuvait pas encore, de ces jours d’automne de Paris, où son ciel, sa terre, ses murailles semblent se fondre en eau, et où, à la nuit, les lueurs du gaz sur les trottoirs sont comme des flammes promenées sur des rivières. Dans l’allée déserte, aux deux ou trois silhouettes noires noyées dans le lointain aqueux, des feuilles crottées, soulevées par les rafales, accouraient vers les deux frères, et tout autour de leurs pieds, les rondes ombres des sièges d’innombrables chaises de fer, projetaient, sur le sol mouillé, l’apparence d’une de ces inquiétantes légions de crabes escaladant le bas d’une page d’un album japonais.

Soudain se fit entendre dans l’intérieur du