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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/384

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le jeune frère regardait son aîné volant dans l’air avec l’agilité furieuse d’un corps vaillant et de membres intacts. Il le regardait, et, en le voyant si souple et si adroit et si fort, il se disait qu’il ne pourrait jamais renoncer aux exercices du Cirque, et cette pensée tout à coup lui fit monter aux lèvres un déchirant sanglot.

L’aîné, surpris par ce sanglot au milieu de son tourbillonnement, retomba assis sur le trapèze, pencha en avant la tête vers l’espèce de paquet douloureux rampant dans l’ombre, par une secousse violente détacha le trapèze qu’il lança au travers de la baie vitrée, volant en éclats, courut à son frère, le souleva contre sa poitrine.

Et tous deux, dans les bras l’un de l’autre, se mirent à pleurer, à pleurer longtemps, sans se dire une parole.

Puis l’aîné, jetant un regard qui enveloppa toutes les choses de son métier et leur dit adieu dans un renoncement suprême, s’é-