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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/65

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La Talochée succédait à Gianni. En une seconde au sommet du grand poteau traversé de distance en distance de bâtons d’échelle, la sylphide était sur le fil de fer, la jupe ballonnante, agitant au-dessus de sa tête le balancier remuant de ses bras en couronne. Elle avançait à pas glissés, tour à tour de l’un et de l’autre de ses pieds qui apparaissaient évidés en dessous, tâtonnant le vide comme du bout courbe d’une rame. Sur la tige ployante et rebondissante, elle marchait avec des abaissements et des élévations, ayant l’air de faire descendre ou monter à chacune de ses enjambées la hauteur d’une marche.

D’alertes lumières roses couraient sur les rondeurs de ses jambes filant jusqu’à l’os de la cheville, à travers le croisement blanc des cordons de ses souliers, pendant que de petites ombres mouvantes s’arrêtaient un moment dans le creux de ses jarrets. Bientôt elle revenait au milieu du fil de fer par une fuite rapide de ses pieds, l’un derrière