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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/98

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vieux château, repris et reconquis par la nature, et qui avait des murs de lierre et de giroflées sauvages, et de ces fleurs qui ne fleurissent que sur les ruines. Un jour, ils étaient en Normandie, sous son grand verger de pommiers, non loin d’un toit de ferme moussu, au bord d’un ruisseau chantant dans le haut gazon d’un herbage. Un jour, ils étaient en Bretagne, par la grève caillouteuse, entre les rochers gris, le noir infini de l’Océan devant eux. Un jour, ils étaient en Lorraine, à la lisière d’un bois, sur une ancienne place à charbon, entourée du martèlement des cognées dans les coupes lointaines, et proche d’une combe, d’où sort, la nuit de Noël, la grand’chasse menée par le veneur au justaucorps de feu. Un jour, ils étaient en Touraine, sur une levée de la Loire, le long d’une rampe contre laquelle s’étageaient de gaies maisonnettes dans des clos de vigne et des jardins en espaliers où mûrissent les plus beaux fruits de la terre. Un jour, ils étaient