Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/110

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tificale » allongeant son lent défilé comme en ces déroulements des Milices chrétiennes allant cueillir au ciel la palme des Élus.

Le Pape assis, offrant, aux baisers qui montaient, ses genoux couverts d’un voile brodé, sa main et son pied, distribuait à chacun la palme frisée de San Remo, avec un mouvement d’automatisme grandiose, un geste hiératique et ancien qui le faisait ressemblant, sous le dais de sa chaise, nuageux d’encens, à une statue sainte du Passé.

Merveilleuse mise en scène, admirable coup de théâtre de la liturgie, chef-d’œuvre du triomphal spectacle religieux du seizième siècle, de son génie d’art catholique, de toutes ces grandes mains de ses artistes et de ses peintres inventant le dessin, l’ordonnance, l’arrangement, la composition et la symétrie des poses, le pyramidement des groupes, la beauté du décor vivant, étageant tous ces figurants magnifiques, en camail d’hermine, en surplis de dentelles, ruisselants de brocart et de soie, portant l’or pâle de leurs palmes trem-