Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/116

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Les voix ne cessaient pas, ― des voix d’airain ; des voix qui jetaient sur les versets le bruit sourd de la terre sur un cercueil ; des voix d’un tendre aigu ; des voix de cristal qui se brisaient ; des voix qui s’enflaient d’un ruisseau de larmes ; des voix qui s’envolaient l’une autour de l’autre ; des voix dolentes où montait et descendait une plainte chevrotante ; des voix pathétiques ; des voix de supplication adorante qu’emportait l’ouragan du plain-chant ; des voix tressaillantes dans des vocalises de sanglots ; des voix dont le vif élancement retombait tout à coup à un abîme de silence, d’où rejaillissaient aussitôt d’autres voix sonores : des voix étranges et troublantes, des voix flûtées et mouillées, des voix entre l’enfant et la femme, des voix d’hommes féminisées, des voix d’un enrouement que ferait, dans un gosier, une mue angélique, des voix neutres et sans sexe, vierges et martyres, des voix fragiles et poignantes, attaquant les nerfs avec l’imprévu et l’anti-naturel du son.

Cependant, à de longs intervalles, à la fin de chaque psaume, les cierges du triangle