Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/120

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le spectacle de la piété fauve qu’y apporte, avec sa foi d’animal sauvage, le peuple de la campagne de Rome.

Après avoir passé la lourde portière, soulevée par la tête et le dos d’un vieux mendiant au long bâton, le flot du monde, derrière elle, la jetait au milieu de femmes mordillant, avec les coins de leur bouche, les deux bouts de leur mouchoir de tête, au milieu d’hommes aux orteils trouant leurs espadrilles, aux vestes et aux culottes recousues de ficelles, peuplade des champs, d’où s’exhalait une fermentation de sueur, l’odeur d’une chaude humanité. Debout, assis, accoudés, étagés sur les marches des escaliers, des autels, les uns mangeaient des feuilles d’artichauts, les autres dormaient, leur tête entre les genoux. Dans la Basilique, dans la sacro-sainte église qui s’appelle « Omnium Urbis et Orbis ecclesiarum Mater et Caput », sous le plafond de reliquaire aux apôtres d’or, sous le gré