Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/125

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livrées centenaires, galonnés d’armoiries sur toutes les coutures, avec le luxe vénérablement fané de la dernière des cours sacerdotales et de l’antique prélature. Au fond étincelait l’armée papale, les lignes de dragons avec le point rouge de leurs plastrons et le point blanc de l’éclair de leurs casques. Et partout un fourmillement : sur les toits d’alentour, aux fenêtres, sur les terrasses du Vatican et des deux colonnades, dont la couronne de statues mettait sur le ciel le cercle d’un public de Saints.

La place bourdonnait. La multitude murmurante chauffait sous le temps lourd, chargé d’un soleil flottant et qui ne se montrait pas encore. Les douze coups de midi tombèrent lentement, un rayon partit du soleil, et soudain éclatèrent, lancées dans l’air, les sonneries des deux petites cloches et du gros bourdon de la dernière fenêtre en haut de la façade. Au bruit, des choucas s’envolèrent des corniches ; et de vieilles malades voilées, en béguin sous leur voile, assises, presque paralysées, sur des chaises, firent l’effort de se lever.