Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/161

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et les campagnes de la Judée, cueillant le charme agreste de ses paraboles aux arbres, aux herbes, aux moissons, aux vendanges, au grain de sénevé, montrant le chemin du ciel dans le chemin le long des blés mûrs où ses disciples le suivaient en mangeant des épis. Il lui revenait, parlant de ces horizons de l’air libre, de ces tribunes de l’infini qui mettaient, derrière sa parole, la montagne ou la mer, et d’autres fois, du bout d’une barque d’où il tutoyait la Tempête et lui disait : « Tais-toi ! » Et elle aimait à s’arrêter, sans y croire, à ces tendres miracles, où le Sauveur laissait tomber sur le cadavre de Lazare une larme humaine ; car ce n’était encore que l’homme qu’elle voyait en lui, un homme semant le bien, approchant les malades, attouchant la souffrance, consolant les langueurs et les infirmités, annonçant la loi de charité et de pardon, humble et populaire, fraternel aux pauvres, appelant au royaume de Dieu les malheureux, les opprimés, les déshérités, les petits et les simples, jetant à l’affliction