Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/184

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Une unique pensée, un seul sentiment maintenant la remplissait : son fils vivait. Inondée de cette joie immense qui suit la terreur d’une maladie, dans cet allégement bienheureux, cette possession et cet embrassement de Pierre-Charles sauvé, dans les jouissances d’une de ces convalescences qui font renaître et donnent une seconde fois l’enfant à sa mère : Mme Gervaisais n’était plus occupée à rien qu’à voir revivre cet enfant qui était encore là, ― et qui aurait pu ne plus y être. L’aimer désormais, l’aimer d’un amour plus jaloux et plus âpre, d’un amour retrempé à des larmes et à des anxiétés, le gâter, lui donner l’oubli, rouvrir ce petit cœur un moment refermé, le faire s’épanouir sous la douceur et la chaleur des caresses, lui rendre l’effusion et l’expansion des sensibilités qui étaient sa santé, ― il n’y avait plus que cela à ce moment dans la tête de la mère.

Tout enveloppé de cette affection qui le couvait, l’enfant ressuscitait vite, mais sans que dans son état rien se réalisât de ce qu’avait à demi promis le docteur. La difficulté, l’embarras