Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/195

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un hasard, les ouvrant l’une à l’autre, l’étrangère épanchait ainsi la confidence et le secret de sa vie devant Mme Gervaisais :

« … Je prenais des leçons d’italien d’un prêtre romain, un vieillard aimable ; il était gai, ne me parlait jamais de religion, et l’étude avec lui me plaisait beaucoup. Il tomba malade et mourut. Ma mère me proposa d’aller à son enterrement. J’acceptai de grand cœur. Ce pauvre homme, il me semblait que je lui devais ce souvenir… J’étais à peine entrée dans l’église qu’une voix intérieure me dit : « Tu hais la religion catholique, et cependant tu seras un jour toi-même une catholique… » Je pleurai tout le temps que dura l’office, sans savoir si c’était le mort ou la voix qui me faisait pleurer… Je vous ai dit le désespoir que j’avais éprouvé à quinze ans, quand ma mère m’annonça qu’elle s’était convertie à la religion catholique et qu’elle avait quitté la religion grecque, les nuits que je passais à pleurer, le serment que je m’étais juré, dans l’obscurité,