Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/213

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le désir de reprendre ses relations. Elle négligeait même la maison où elle s’était trouvée reçue le plus sympathiquement, le salon Liverani, dont elle avait goûté un moment l’habitude. Ses visites s’y espacèrent ; puis elle n’y parut plus. En dehors de l’absorption où elle était, et du retour sur elle-même qui la retirait à la société des autres, Mme Gervaisais avait été détachée lentement et peu à peu de cette liaison par la séparation sans choc, sans diminution d’estime de part et d’autre, qu’amène insensiblement et involontairement le contact de ces deux natures dissemblables et contraires : une Française et une Italienne.

La Française trouvait chez l’Italienne une ignorance et une quiétude de l’ignorance qui ne s’accordaient guère avec le savoir et la curiosité active de son intelligence. La netteté, la résolution, la virilité de son esprit, s’accommodaient assez mal du flottement d’idées, noyées et vagues, où vivait la princesse, promenant autour d’elle une contemplation superficielle, satisfaite et irréfléchissante, avec la paresse morale d’une odalisque,