Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/245

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Bientèt vint le jour de la princesse Liverani. Honorine lui disant que Madame était sortie, la princesse ne dit rien, mais lui montrant en souriant l’ombrelle de sa maîtresse restée dans l’antichambre, elle ne revint plus.

Sa répugnance augmentait à vivre avec des semblables : l’horreur des autres croissait en elle, arrivait à une sorte de sauvagerie insociable. Un aimable ménage s’était chargé de lui remettre les lettres d’une de ses intimes amies. Après avoir vu la jeune femme deux ou trois fois, elle dit à Honorine :

« Quand cette femme reviendra, vous la renverrez elle pense mal… je ne peux plus la voir… »

Et comme Honorine objectait :

« Mais, madame, c’est qu’il y a sa femme de chambre qui ne connaît pas Rome, qui m’a fait promettre de la promener…

― Je vous défends de sortir avec elle…

― Mais, enfin, madame, songez donc… depuis le temps que je suis ici sans une âme de connaissance !