Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’elle des paroles sans mots articulés, des paroles qui lui semblaient émaner de Lui, et ne pas lui entrer par les oreilles, tant elle les sentait au profond d’elle !

Ses jours, elle les passait et les consumait ainsi. Pendant ses nuits, ses nuits insomnieuses, où elle ne pouvait dormir plus d’une heure ou deux de suite, forcée de sortir de son lit et de marcher dans sa chambre pour combattre l’étouffement de son souffle court, maigre, sous son peignoir blanc, d’une maigreur fantomatique, elle prolongeait, dans le noir des heures non vivantes, le long de ses allées et venues mal éveillées, des prières informulées, une adoration en songe, qui lui laissaient au matin la mémoire pâlie d’une vision nocturne du Sauveur.


LXXXIX

Alors ce fut chez elle une succession de mouvements ardents, les agitations et les é