Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/344

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Dieu ne se donne, ne se livre qu’à ceux qui se donnent tout à lui, qui renoncent à tout pour lui, qui lui sacrifient, entièrement et sans retour, tous les attachements terrestres… Votre enfant ! Ce n’est pas un amour de mère chrétienne, je vous le dis, que vous portez à votre enfant ! …

― Mais, mon Dieu ! comment voulez-vous que je l’aime ?

― Broyez votre cœur… Votre enfant ? … un enfant marqué au front des signes de la colère de Dieu, l’enfant puni, maudit de votre incrédulité d’alors… » La mère voulut encore essayer d’élever la voix. Mais le confesseur l’écrasa avec ces mots :

« Si quelqu’un vient à moi, et qu’il ne haïsse pas son père, sa mère, son épouse, ses enfants… ses enfants ! entendez-vous ? … il ne peut être mon disciple. « Ce sont les paroles mêmes de Notre-Seigneur, Jésus-Christ, au chapitre XIV, au verset 26 du saint Évangile de saint Luc. »

Mme Gervaisais resta muette, brisée,