Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/347

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toute la nuit à s’entretenir avec le morceau de cuivre, lui racontant sa vie, lui disant ses larmes dans une de ces conversations presque familières de l’exaltation, qui font parler à Dieu, attendre qu’il réponde, et causer avec lui comme avec une personne qui serait là.

Elle lui disait :

« Je vous ai tout sacrifié, mon Dieu, depuis que je vous connais… Mon Dieu, mon Dieu ! je vous prie, écoutez-moi en pitié… Oui, j’ai été longtemps sans vous voir, et je ne trouvais pas le chemin pour aller à vous… Mais vous savez depuis mon affliction, mon amertume, combien je me déteste, combien je me fais horreur et dégoût dans mon passé… Et pourtant, mon Dieu, je ne peux pas ne plus être mère… je ne peux pas ne plus aimer mon enfant… C’est trop, mon Dieu ! c’est trop ! Mon Dieu, mon confesseur jésuite me permettait mon enfant… Il trouvait que cet amour-là ne vous faisait point tort… Pourquoi celui-ci m’en demande-t-il plus ? … Mon Dieu ! je vois bien votre tête inclinée