Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/362

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là le rayon de miracle et de délivrance qui tombe dans une prison Mamertine. Là, Mme Gervaisais ressentait l’impression d’une lumière du matin venant à des paupières pleines d’un rêve noir.

Mais ce spectacle à la longue ne la contentait plus. Il ne lui offrait que la place, la mémoire des morts, leur suaire de pierre n’ayant gardé que la tache de leur cadavre. Ce n’était pas assez que les deux squelettes conservés sous verre à Saint-Calixte : il lui fallait de la mort où il restât plus du mort. Et pourtant, comme toute femme qui se respecte dans la délicatesse, la propreté de son corps, et le soigne avec une espèce de culte, comme une malade, comme une condamnée à mourir et une voisine du tombeau, elle avait eu tous les dégoûts et toutes les horreurs de la Mort pourrissante.

Souvent elle avait évoqué, avec l’amertume d’un regret, la pudeur couronnée de roses, la légèreté riante de la Mort antique, l’art et la grâce consolante de ses rites, de ses mythes, de ses allégories : les coupes vides, les flèches