Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/367

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pour notre corps d’occupation… Je trouvais le temps long à n’avoir pas de vos nouvelles. Je me suis fait envoyer ici… »

Et il regardait l’enfant triste, les yeux rouges et mal séchés d’Honorine, la pièce nue, l’intérieur désolé, tout ce qu’il y voyait et devinait de misères, de larmes pleurées, de souffrances et de privations pâties.

Mme Gervaisais, embarrassée de ce regard qu’elle sentait sur elle, sur les murs, sur les secrets de la maison, dit à son frère :

« Vous dînez avec nous ? »

Le frère avait aperçu le poulet sur la table :

« N’aie pas peur, gamin, je ne mangerai pas ta part, » dit-il en embrassant Pierre-Charles, qui, reconnaissant un ami et pressentant une protection, s’était déjà glissé entre ses jambes, et touchait, de ses petits doigts attirés, ce bel or glorieux d’un uniforme de campagne, bruni au feu.

Et, se tournant vers sa sœur :

« Je dîne chez le général aujourd’hui. »