Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/372

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toujours sur elle, il lui jetait par saccades, à chaque fois qu’il la retrouvait devant lui, des phrases brisées : Mme Gervaisais, immobile, ne répondait pas une syllabe.

« Rien que ta voix à Honorine… Ce que tu dois être pour elle ! … Ton accueil, à moi, hier ! … N’être plus attachée à rien sur la terre… Parents, famille, amis… rien, ne plus rien aimer ! … Ton fils ? … Es-tu seulement encore mère ? … Tu devrais l’être deux fois cependant, avec l’enfant que tu as ! … Eh bien ! non ; c’est ça, ton fils, ce petit malheureux ! … Les petits pauvres qui ont des mères ont plus de bonheur que lui ! … Ton enfant ? Mais tu ne lui donnes pas seulement de quoi manger, à ton enfant !

― Vas-tu me dire que je le laisse mourir de faim ?

― Oui ! … Mais tu n’as donc pas d’yeux pour le voir ? Regarde-le-moi donc, sacré nom de Dieu ! … Regarde-moi ce visage… ces boutons… Car il est galeux, ton enfant ! … Il est ladre, ton fils !.. Et de quoi ? je vais