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Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/80

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ne tombait qu’un tintement de cloche, espacé de minute en minute. Mais c’était le ciel surtout qui donnait à tout une apparence éteinte par une lumière grise et terne d’éclipse, empoussiérant le mousseux des toits, le fruste des murs, enveloppant une Rome jaune et blafarde d’un ton qui rappelait à madame Gervaisais des tableaux d’Afrique, des paysages étouffés sous une nuée de désert.

De sa voiture arrêtée, elle regardait, quand une voiture la croisa. Un homme en descendit, vint à elle, et avec un geste d’affectueux étonnement :

— Vous, madame !… Vous ? à Rome !… Et pas un mot à l’hôtel Colonna ?… J’aurais eu l’honneur de me présenter chez vous…

― Mon cher ambassadeur, je suis arrivée si malade, si souffrante, que je n’ai vu encore personne. Je voulais prendre un peu l’air du pays… me donner le temps de me reconnaître avant de faire mes visites… et croyez bien que ma première était destinée à madame de Rayneval…

M. de Rayneval s’inclina.