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Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/171

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OUTAMARO

leux, ou la coloration n’est pas uniquement à la surface, mais a pénétré, a traversé le papier, en sorte que le gros de la coloration est bu et retenu dans l’intérieur, et qu’il n’apparaît d’elle que la transparence à travers la soie du papier japonais, à l’instar d’un ton sous un glaçage.

Mais ce n’est assez, il existe dans ces impressions, une décomposition de la couleur qui aide encore à l’illusion d’un lavage à l’aquarelle, aux tons rompus par le pinceau, une décomposition non seulement produite par l’air, par le jour, par le soleil, mais une décomposition voulue. C’est là, la conviction de l’habile imprimeur en couleur, M. Gillot, une décomposition préparée à l’avance[1] par des substances mêlées aux couleurs, par des jus d’herbe, par des secrets du métier qu’on ignore, et qui font des roses si pâles, des verts si délicieusement jaunes de vieille mousse, des bleus si languissamment malades, des mauves où il y a de la gorge de pigeon : une décomposition qui, dans les aplats, où joue la

    Broussonetia papifer, est ajoutée une substance laiteuse, préparée avec de la fleur de riz, et une décoction gommeuse du Hydrangea paniculata et de la racine de l’Hibiscus Menichot.

  1. Bracquemond me disait avoir fait des essais semblables sur des colorations de porcelaine.