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OUTAMARO

L’École de Tosa, créée par un membre de l’illustre famille Foujivara, à la fin de grandes guerres civiles, de féroces fièvres militaires, au milieu d’une société constituée, comme notre Europe féodale avec sa vie de château. Une école rendant, en un faire précieux et en un style d’art aristocratique, la vie seigneuriale, et aussi bien la vie de batailles que la vie de retraite amoureuse et artistique dans le yashiki, et dont l’illustration du roman d’amour Gen-zi Mono-gatari, écrite par la poétesse Mura-saki Siki-bu, est un spécimen révélateur du plus haut intérêt.

L’École de Kano créée par Kano Massanobou, l’école nationale aux yeux des Japonais, l’école des audaces et de la bravoure du faire, l’école tantôt aux écrasements du pinceau, tantôt aux ténuités d’un cheveu, l’école aux paraphes du trait, à l’exécution qu’on appelle en japonais, gouantaï[1], rocheuse, c’est-à-dire heurtée, rude, aux contours anguleux, : une école où il y a un peu un abus du procédé, du chic d’atelier japonais, et appartenant encore tout entière à une esthétique aristocratique.

Au fond, ces deux peintres n’étaient, dans

  1. L’Art japonais, par Louis Gonse. Quantin, 1883.