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Page:Goncourt - Pages retrouvées, 1886.djvu/227

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POÉSIES EN PROSE [1]


LA NAISSANCE DU TOAST


Elle se baignait.

Il y a de cela combien d’années ? Je ne sais !

Comment se nommait alors le roi d’Angleterre ? Je ne sais encore !

Mais c’était la maîtresse du roi d’Angleterre. Holbein a-t-il laissé sa portraiture ? Je ne sais vraiment !

La salle de bain, je ne l’ai vue !

Était-elle en marbre blanc ? Était-ce un cabinet de rocaille qui touchait à son appartement d’été « et qui sans doute était le plus agréable lieu du monde », meublé de piles de carreaux de drap d’or et de vases de porcelaine remplis de fleurs, avec un lit de repos fait à la portugaise.

Six courtisans étaient là qui regardaient. Tel était le bon plaisir de Sa Majesté. Avait-elle une chemise ? Peut-être bien oui, peut-être bien non… A chaque mouvement… l’eau lui mettait à la gorge un collier de perles.

  1. Poésies parues dans l’Éclair, numéros des 13 et 20 mars 1852.