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Page:Goncourt - Pages retrouvées, 1886.djvu/26

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regardèrent, pensèrent, écrivirent en hommes de lettres. C’est à la Littérature qu’il faut rattacher les sympathies de leur esprit et les décisions de leur irrespect, les raisonnements de leurs admirations et les instincts de leurs haines. C’est la recherche du bien dire de la phrase et de l’exactitude des choses, c’est la Littérature qui leur a donné leur souci du vrai, leur mépris des opinions toutes faites, qui leur a appris l’existence, qui a fait d’eux des apitoyés. C’est à la Littérature qu’ils ramènent tout, c’est en elle qu’ils font tout entrer. Ils veulent prendre aux sciences, aux arts, aux industries, leurs vocabulaires, leurs argots, ils veulent prendre leurs trouvailles aux idiomes, aux dialectes, aux patois, et que toutes ces expressions soient littéraires ; ils veulent au théâtre une langue parlée, et que cette langue soit littéraire. De même que les grands peintres n’ont au contact des choses que des idées picturales, des raisonnements de dessinateurs et de coloristes, de même que les purs musiciens n’ont que des sensations musicales, transforment toutes leurs impressions en thèmes musicaux, — de même, eux, littérateurs, ont vu et senti toutes choses littérairement, avec l’œil et le cerveau de leur profession.

Ils sont venus confirmer, par l’effort de leur