Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne connais pas un dénouement de pièce qui ne soit amené par la surprise d’une conversation derrière un rideau, ou par l’interception d’une lettre, ou par un truc forcé de cette qualité ? Et tant qu’à choisir entre les petites et les grosses ficelles, ma foi, je préfère les grosses, les toutes franches : ce sont celles de l’ancien répertoire.

Puis vraiment, n’y aurait-il pas de grosses ficelles dans l’agencement de la vie humaine, de la véritable, de celle que nous vivons ? J’avais un cousin qui devint très amoureux d’une jeune fille du monde. Ce cousin avait eu une jeunesse un peu noceuse, était joueur… il fut refusé par les parents de la jeune fille. Mon cousin demeurait le cœur très pris. Il se passait un an, dix-huit mois, au bout desquels il lui arrivait un accident de voiture, dans le voisinage du château de celle qu’il aimait. Il y était recueilli, soigné… et devenait le