Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/144

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après, sous Louis XIV, dans une autre patrie de l’intelligence et du goût, le théâtre est encore presque toute la littérature ; mais peut-être déjà, en ce XVIIe siècle, quelque gourmet de belles-lettres néglige, un soir, de se rendre à une comédie de Molière, pour lire au coin de son feu, les CARACTÈRES de La Bruyère. Et aujourd’hui, qui pourra nier qu’une SAPHO ou qu’un ASSOMOIR ne prenne pas l’attention de la France, tout autant qu’une pièce d’Émile Augier ou d’Alexandre Dumas fils ? Au XXe siècle que nous touchons, quelle place aura donc le livre et quelle place aura le théâtre ?

À cette concurrence redoutable faite déjà aujourd’hui par le livre au théâtre, je ne veux pas répéter les causes particulières et accidentelles qui me font voir, dans un avenir prochain, sa lamentable déchéance. Non, l’art dramatique ne deviendra pas tout à fait ce que j’ai prédit : « Quelque