Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/206

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cient ; voilà que les intelligences les plus sérieuses, séduites et gagnées par la fragilité même d’aimables figures, pratiquent, dans une amoureuse familiarité, et dans leurs grâces les plus secrètes, les âmes charmantes d’un grand siècle. Et qu’est-ce donc cette science sans dédains, cette peinture qui descend à tout sans s’amoindrir, cette sagacité déductive, cette reconstruction du microcosme humain avec un grain de sable ? C’est l’histoire intime ; c’est ce roman vrai que la postérité appellera peut-être un jour l’histoire humaine.

Mais où chercher les sources nouvelles d’une telle histoire ? Où la surprendre, où l’écouter, où la confesser ? Où découvrir les images privées ? Où reprendre la vie psychique, où retrouver le for intérieur, où ressaisir l’humanité de ces morts ? Dans ce rien méprisé par l’histoire des temps passés, dans ce rien, chiffon, poussière, jouet du vent ! — la lettre autographe.